dimanche 31 janvier 2010

Déraison



Déraison
Empreintes,collage et techniques mixtes sur toile
18 x 24',2010

visages
noirs
de chair crue

hiboux noirs
fantômes
d'ombre

lune noire
à l'envers
sous le lit

grappes
de noir

sève noire

d'éternité

*

noirs visages
échappés

avenue du malheur
la tristesse comme un cheval emballé

marchand de noir

du bout des lèvres

à minuit

pelures d'étoiles

samedi 30 janvier 2010

Noir d'obus



Noir d'obus
Empreinte,collage, encaustique & techniques mixtes sur toile
24 x 12, 2010

En traînées de trous
noirs

de chair détachée
de chair nue
déchirée
par éclats
noirs

noir d'obus
qui lacèrent

noir d'enfer


*


dans l'obscur
crinières des oiseaux de la nuit

bouches en friche

brûlures
noires

vendredi 29 janvier 2010

Un mouvement d'épice



Un mouvement d'épice
Encre de chine et encre acrylique
sur papier, 2002

jeudi 28 janvier 2010

Les oiseaux échoués



Les radeaux de papier
qui passent dans le ciel
recueillent les oiseaux échoués

La salive du temps s'accroche
aux algues des arbres

Une fenêtre d'eau ensemence le gris

À pas de loup les rêves boivent l'horloge


Une lune pêche des îles miroirs

mercredi 27 janvier 2010

L'usure noire





Oeuvre inachevée.
Peut-être que non aussi.
*

L'oeil ne reconnaît que le temps qui suinte du temps
et l'usure noire des jours

entre le noir et l'orange
tu parles de la patience de l'eau

des lèvres sans boussole

j'ajoute une tache de bleu

un lever d'aile
dans la fragilité du noir

la moiteur blanche
de ta peau


*

Vêtue de noir tu marches
au fond du ciel

tu déposes des mots
dans l'oreille de la lune

*
Remplir le silence.
(est-il vraiment nécessaire de remplir le silence ?)

*

"Ma pauvre poésie en images de pauvres"
Miron

mardi 26 janvier 2010

Je marche d'un pas de nuit




Le corps avance enjambe la nuit

décroché du temps
le corps se divise
se nourrit des terres nécessaires/secrètes
captives derrière la mémoire silencieuse
de l'avenir

dimanche 24 janvier 2010

La mélancolie



La mélancolie
Techniques mixtes
sur vieilles couvertures de livres

_______


En fait depuis le tout début toutes mes paroles, tous mes gestes refont, répètent la même oeuvre. Constamment de façon différente je ne fais que remettre en question le déjà fait.Pour chaque fois le refaire à travers les métamorphoses du temps, du geste, de la forme.L'altérité des choses.
Retour aux signes premiers.
À l'écrit primal.


________

Petite mots de vie
__

Poésie du jour

Il faudrait nourrir les mésanges

Le Soleil est sur la table

Ta souris est arrivée

Les clefs sont sous le hibou

*
+9 et pluie le 25 janvier
- 23 prévu le 26 au soir

poétiquement ça s'appelle
un pays à climat tempéré.

*
Selon ma fille Sarah le bonheur est simple.
Veni Vidi Sushis.

*
Un homme regardant mes oeuvres visibles en vitrine demande à sa femme

H- Cé quoi ça

F- Cé dé peintures

H-Ah

F- Paraît qu'cé d'l'art

H-Ah.

*

Made in Poésie

*
Si l'art( et la vie) était une simple question d'économie,
j'aurais depuis longtemps délocalisé ma poésie et ma création visuelle en Chine.

Les cris blancs




Les femmes aux yeux de verre
cueillent les cris blancs de l'absence

au point du jour
elles boivent les gouttes du temps
endimanchées sur l'aile d'une larme

elles chevauchent l'oubli
sur la peau d'un piano
et poursuivent des voiles d'eaux
sur de grands morceaux de soleil

et les lèvres d'une ancienne blessure

rouge boussole muette

samedi 23 janvier 2010

Oblique


Oblique

comme une grande bougie
l'ivresse dort dans la tête du sourcier

un désespoir sous sa fenêtre
un homme passe dans le ciel

la mémoire à la place du coeur
un poisson volant se laisse désirer

Les portes fermées au fond d'un soupir nous effraient


Comme un cerf volant dans une bouteille
n'est de passage que pour gagner du temps


Qu'est ce qu'on attend pour empailler le futur


vendredi 22 janvier 2010

Les épaves grises


Les oiseaux qui n'existaient que par toi s'ennuieront
sans leurs ailes autour de ta taille
à quoi peut bien servir le ciel

Le temps se brise
et sur ma grande terre d'amour brûlé
il ne repoussera rien

Rien

Que des épaves grises et des baisers de bois

Gabriel Lalonde in Lettres à la mort
Loup de Gouttière, 1995.



________

jeudi 21 janvier 2010

La folie mouvante


Le délire grêle
Techniques mixtes sur toile
11 x 14, 2002

le délire grêle dans les espaces de ma tête
claytonies petites claytonies blanches de mai
pourquoi vous au fond de la folie mouvante

Gaston Miron in L'homme rapaillé
Monologues de l'aliénation délirante,page 93, nrf

*

Parfois je me parle à moi même
Comme ça sans déraison

Bon faut dire aussi que depuis longtemps je me réponds...

Ça finit toujours par
une image
un cri
une mémoire
un silence
un souffle
une parole
un paysage
un rêve
une solitude
une souffrance
une blessure
un sanglot
une tristesse

une naissance
une mort

un chant
un amour

un visage

une oeuvre
un poème

Suis-je normal docteur?




mercredi 20 janvier 2010

Aux écoutes des nids


J'écoute battre l'horizon

sous l'aile d'un silence gris mauve
quelqu'un grignote le pain du ciel

Je marche hors du je vers l'ouvert

sur la passerelle des jours
j'avance aux écoutes des nids.

Les yeux clos à la façon des racines

*
Les textes sont d'aujourd'hui. L'oeuvre de demain !!!



mardi 19 janvier 2010

Le Tout Impuissant


Marche noire
de mal terre

décentrés
perdus

marche absurde
en route vers le Tout Impuissant

*
ai-je une âme ou est-ce elle qui m'a?
AnnaJ





·

lundi 18 janvier 2010

Page blanche de l'âme


Je m'ennuie
de l'âme

celle d 'avant l'âme

de la page blanche de l'âme


Je m'ennuie
des fossiles de silence

en retrait

en attente d'un souffle.

D'une âme.

*
Dans la nuit en friche
Sur des lèvres étonnées
Quel oiseau habite la sève de l'arbre

*
Sous l'écorce du soleil les frissons se fissurent
Comme des mots en bouquets de chair.

*
L'acte de l'art (et de la poésie) est d'abord une réflexion sur soi-même.
Un questionnement.
C'est à moi-même que je parle
et c'est moi-même que je trouve.
L'art parle. J'écoute. J'entends. Je réponds.

*
Je ne suis pas très différent de cet homme
moins beau voilà tout
je ne donne spectacle que de mon âme
je suis assis sur une marche de moi-même
j'écris un discours jamais prononcé
Aragon dans Les Chambres (poème du temps qui ne passe pas)


dimanche 17 janvier 2010

L'écru du temps


Imprimé de lune
pour les oiseaux que les mains n'ont pu saisir
danse sur l'écru du temps

Grande blessure
illisible
en noir et blanc

Gel sans âge sur l'île du vent

Migration éphémère
sur le chemin
des clochards célestes

samedi 16 janvier 2010

Autoportrait sous la neige



Le chant s'amincit
l'eau blanche des mots succombe

Il neige lent
le jour passe linéaire

Dans la main
la tristesse exquise d'une poignée de cendre
jetée sur la toile

le geste liquide d'exister
fluide sur l'aile d'un visage

la bouche de la planète cousue contre le vide

Le printemps sera doux

*
Québec, 16 janvier. +2celsius, le temps fond.

vendredi 15 janvier 2010

Grande misère


Un grand désordre a fait bouger la Terre

Tremblements carnivores
Gouffres qui s'engouffrent

Misère
De misère
Fichue petite misère

Et les morts s'accumulent en montagnes de morts

Sur le pont rompu du temps passent les crieurs d'âmes

Misère
De misère
Fichue grande misère

*
Restent les humains

les visages humains
les bras humains
les coeurs humains

et la terre

qui parlent
qui continueront à parler

à respirer

la terre vivante
qui n'en finit jamais de renaître

La tête lune


S'asseoir un instant sur les mots
et tracer à ras la bouche la ligne du cri

sans froisser les ailes du chien à bec
agrippé toutes portes fermées à la terre

dans l'ombre
l'oeil ne porte plus le corps
le coeur croasse dans des frayères noires

la tête lune

*

Il faut
commencer
par s'habiter
soi-même

jeudi 14 janvier 2010

L'avaleuse de mots


Le corps de poésie (1/2)
Techniques mixtes sur toile
36 x 12, 2010


La poésie tue.

Chaque jour elle avale les mots bout à bout

elle porte sur son front en chapelet volé
une pincée de tristesse bordée de mi-tendresse

toutes plaintes retenues en longeant le silence
elle nous met en rêve et divise les eaux

elle plante dans nos coeurs un couteau de caresses

elle se nourrit de nous

nous ventouse
nous encercle.

La poésie tue.

Comme un oiseau ivre par dessus mon épaule
quelqu'un lit l'avenir dans un linceul volant

*

Tu portes sur tes épaules

des chevaux naufragés
des cathédrales trouées

des aubes d'encre blanche
un miroir de papier

des rivières en débâcle
un lit de grande marée

une tête de femme

et un chevreuil blessé


*

J'aurais tant voulu vous aider
Vous qui semblez autres moi-même
Mais les mots qu'au vent noir je sème
Qui sait si vous les entendez

Tout se perd et rien ne vous touche
Ni mes paroles ni mes mains
Et vous passez votre chemin
Sans savoir ce que dit ma bouche

Aragon, Les poètes


mercredi 13 janvier 2010

Crieur d'âme


Sur le pont rompu du temps
passe
un crieur d'âme

mardi 12 janvier 2010

Les hiboux liquides


Avec ta main sur la mer
qui détache les îles

avec la lune bleue
drapée de chiens qui fuient

et l'impatience des arbres qui craquent dans la nuit

avec les vents messagers
des étoiles flottantes

avec ta peau de poudrerie
et tes hiboux liquides

rien ne dort

lundi 11 janvier 2010

Sous l'eau où tu respires


Sous l'eau où tu respires
des peaux de frasil descendent la rivière
sur le baiser du temps

sous l'eau où tu t'endors je tresse tes désirs

sur tes seins d'encre blanche

en collier de Vénus

sur le bout de ta langue.

Sous l'eau mes mots respirent

dimanche 10 janvier 2010

La danse derrière le noir


Des rivières de lèvres
asséchées
dans la chair du ciel

Les masques se déchirent
et les nuits esseulées passent en caravane

Des aiguilles de froid enserrent l'attente
il pleut un vert absinthe
sur l'urne cendrée de l'âme

Nue
de dos
l'amante devient prairie

éparpillé
aux quatre coins du gris
un homme serpent
bat des ailes

quelqu'un danse derrière le noir

*
Une image dans la main
Je passe souvent à la limite du silence

Le temps qui passe n'est pas un jeu de hasard

samedi 9 janvier 2010

Homme dépareillé


Homme dépareillé
Techniques mixtes sur toile
24x12, 2008/2009


Il est 3 h 33 sur le tableau lumineux
Quelquepart un fou pense à moi
Catherine Lalonde
Dans Corps étranger

*
Et te voilà debout
dépareillé

figé

en pièces détachées

au fond de tant d'années
accumulées
de tant de souffrances
multipliées

et te voilà désassorti

encasé

désolidarisé

incomplet

seul

Est-ce moi cet homme dépareillé qui traverse la rue ?



vendredi 8 janvier 2010

Comme un oiseau sans fin



Tu marches dans le ciel
comme un oiseau sans fin

Un vieux cheval de cendres

Derrière la porte neuve de l'âme
tu cherches le silence

Une pluie intérieure
une larme de femme

*
à l'avant de la barque encore
une femme adossée au mât
-résolument détournée de la scène
bien qu'accablée-
les deux bras ballants
regarde au loin
comme quelqu'un qui déjà
à la fin du désespoir
retrouverait la terre
Paul Marie Lapointe

jeudi 7 janvier 2010

L'écrivain

L'écrivain
Techniques très mixtes et assemblage sur bois
24X12', 1997
Collection particulière


Dans la nécessité de chaque aube
il y cet instant précis où le jour se lève
et frôle ta peau avec les yeux gris tendres
des chiens de lumière d'une mer agitée de décembre

*
C'est quand même bizarre tous ces courriels qui s'inquiètent de la grosseur de notre sexe et jamais de celle de notre cerveau.

Presqu'autant que ceux de tous ces inconnus(es) qui m'aiment d'amour pur et sincère et veulent sans autre raison partager avec moi qui leur argent, qui leur amour.

Dieu que ce monde est rempli de bonté...



*

mercredi 6 janvier 2010

Coeur de gris


Coeur de gris (Abatis II)
18 x 24, Mixtes sur toile
5 janvier 2010


Il vente blanc
au plus profond des arbres

Les branches tremblent
griffent l'hiver

Le ciel se cabre

Un coeur de gris
bat dans la nuit

mardi 5 janvier 2010

Les lieux secrets


Dis moi
les lieux fragiles
où poser la bouche

Les lieux secrets
où tu tressailles
avant même l'arrivée du toucher

Dis moi
le souffle sur ta peau
qui suffit à créer le désir


Gabriel Lalonde
dans Le Cri de l'eau
Le Loup de Gouttière, 2004

lundi 4 janvier 2010

Les alvéoles




Des cavités dans les murs de la vie

Des alvéoles regroupés
où dorment des âmes fatiguées

À la limite des mots
le ciel un matin
sortira de la terre


*

Soudain la brusque lumière
d'un temps hors limite
par-devers le monde clos

Miron dans Poèmes épars




dimanche 3 janvier 2010

Les nids lisibles





Des arbres blancs
sur le front d'un ange

Semeur de temps
sur tes lèvres

J'écris
les nids lisibles
endormis sur ta bouche


samedi 2 janvier 2010

L'Illimité

L'illimité (verso)
L'illimité(recto)



Pour chaque jour de 2010 je vous souhaite

Le rêve
Le souffle
Les mots
Les gestes
La couleur

L'illimité

Et les silences nécessaires