Rien ne change
GL. 2010
Échange avec la poète Monique Laforce
l’Oésie, no 4, 2001
Monique,
De quoi parlions-nous déjà ?
De tout.
Du sorcier de craie. De l’importance des visages. Et des yeux. Des petits masques. Des signes, des larmes. Du désir. Du rêve. Du rêve de rêver.
De tout, mais surtout des passerelles.
Le passage. Celui de l’artiste à l’oeuvre. Celui de l’oeuvre à l’autre. Par « l’oeuvre J’existe. De regard et de parole », disais-tu.
L’échange de l’essentiel. Par le regard. Un donneur, un receveur. Chacun à son tour dans le même rôle. Chacun à son tour dans un rôle différent. L’échange de la parole humaine. Parole écrite, parole visuelle. La perte de la pudeur. La parole nue. Sans retenue. De soi. De ce que l’on donne. De ce que l’on reçoit. Des autres. Que l’on transforme. En poussières d’éternité.
Le plus difficile ce n’est pas de faire. L’oeuvre. Mais cette sortie de soi. Du tout soi. Pour atteindre les autres. Donner le souffle. Son souffle. Créateur. De mots, d’images. Donner le non-donnable. Le sans limite. Entre la joie et la tristesse. Celles, humaines, qui toujours nous habitent. Donner plus grand que nous. L’amour ? Peut-être. J’entre en moi et le silence s’ouvre. Malgré les contraintes, les barrières, les peurs. Malgré les autres. Et soi.
Donner chaque fois l’authentique. « À la mesure des humains ». Porter aux autres les mots, les images. Comme on porte l’eau. Le pain. Chaud. De la vie. Que l’on fait battre. Un instant. Différent. Qui ramène à l’existence. La sienne. Qui ramène au feu. Aux visages. Au regard. Arrêter un instant l’oeil. Et le temps. L’oeil. Et le coeur.
Ouvrir le regard. Sur l’âme. Rendre vivante son âme à l’autre. L’anima. Tu sais, ce petit souffle qui n’existe pas à qui l’on parle si souvent !
Combler une seconde. Une petite seconde. De vie. À peine une seconde. La faim. La soif. Rassasiées. Celles des autres. Toutes les faims, toutes les soifs. Et la sienne. À peine une petite seconde. Presque une seconde. L’instant d’un mot. D’une image. De soi. Dans le regard d’un autre. L’existence reconnue. Toute l’existence. Dans une phrase. Une oeuvre. Une parole.
L’oeuvre. La parole. Comme une confidence. Crois-moi, tu existes.
GL 2001
2 commentaires:
rien ne change...titre qui donne un peu la sensation d'être une réplique et que n'importe qui passant ressemble purs traits à ce qui est déjà venu et passé.
;-)
pour tous les séïsmes, s'attendre à la réplique, jamais si forte et qui n'étonne plus
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