Les blés nus

pieds nus le jour a fui

de moins en moins de temps


pour refaire les murs du ciel
avaler les étoiles
planter des îles d'eaux
mordre l'inaccessible

boire les lèvres évanouies
ouvrir tes bras
détacher ta chemise

parcourir les blés nus de ta peau

manger la terre

écrire ces lignes



exister

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même la nuit

je nage

cheval blessé

sur un fleuve qui marche


au son des vieilles heures
les arbres
goutte à goutte
dans ma bouche
se lézardent


et me voilà déjà hier
comme un enfant gelé

Les mains vides

un grand vent du nordet
déracine tes hanches

les mains vides
jusqu'à
la mer
le fleuve sort de son lit

poèmes de sable échoués

sans âme
les mots se retirent

de toute éternité
le temps est un trou noir

où tu t'es endormie

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À la naissance du jour

À la naissance du jour
Mixtes sur toile,2005


à la naissance du jour tu marches sur la mer

le cou cerclé d'azur
tu prends le pouls de l'eau
couveuse de vent
de sel noyé
sur des charbons de mer
tu tisses un pont de voiles

le violon des aiguilles promène les oiseaux

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il est interdit d'isoler les papillons
dans des larmes de verre

là où les étoiles dorment
les baisers sont en fleurs


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Trinité

Trinité
Encre sur papier
2010
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La poésie s'est fait chair

elle est femme innombrable
une et trine à la fois...
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par temps clair
on peut voir les battements d'eaux
de son coeur extérieur

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une flamme blanche fond dans la main
pareille à une tige de vent

devant ton miroir
tu prends le pouls de la neige

dans la forêt vierge de la nuit
tu creuses un tunnel d'air circulaire
au centre du vide

une lune d'eau grande ouverte
descend l'escalier de ta bouche

La lune noire

La lune noire
Encre sur papier
2010





c'est la faute au silence
aux paupières dans le sable
si parfois j'oublie la lune
et tes seins dans le ciel

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il neige des maisons blanches
qui se tiennent par la taille
telles des arbres vagabonds
dans un pays de lune noire

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à cause de tes yeux
et tes robes rusées
il fait un temps à dénouer des renards

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Ouvrir les jours?

j'en connais chaque craquement
comme le suivant

Ce presque rouge du désir

Ce presque rouge du désir
Encre sur papier
2006



au volant de mes mots
mes pas ont pris large la nuit

à moi
la dentelle des oeufs de loup
les banquises au long cou
les nids de lumière à l'endroit du coeur
les charbons déshabillés

à moi
les algues à quatre mains
les lingeries de verre
le sépia des seiches en chemise d'été
les seins de tes fenêtres

à moi
les cils des bijoux
les clefs des fougères rouges
les gestes dans tes veines

le fleuve qui s'écrit

Toute la mer te regarde

Petit cheval sans papier
2000


j'écris des images

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la couleur de la vie qui aboie
comme un mur de ferraille

j'entends tes empreintes dans le noir
les mondes qui errent
sur les plumes de tes seins
pansent la plainte des masques

les statues s'enracinent
l'encre longuement s'abreuve à la forme du corps

toute la mer te regarde

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l'eau douce de ta peau
petit papier
de lèvres

j'entends couler le rouge

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le soleil a la tête dans l'eau
l'hiver s'appuie contre un arbre
le ciel est sans visage

tu portes ma vieille chemise noire

en guise de printemps

les herbes de ta peau

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j'écris des images

pour libérer les chevaux sans papiers
couchés dans des tiroirs
tels des cris de plâtre

La robe détachée

Les veilleurs de rouille
1999



les veilleurs de rouille
comme l'oeil immobile
d'un rocher

mettent le temps à sécher

dans l'enclos des murmures
le lait des jours
donne sa langue au chat

les nuits ensoleillées sont de plus en plus rares

on croirait au loin voir venir un couteau

la robe détachée
demandez-moi où vous êtes
en marchant sur la pointe des pieds

L'oeuf de ta bouche

dénouer le tour de ta taille
comme une aile de femme
un collier de peau
pour berçer le soleil

des jouets écartelés s'échappent
d'un gouffre de terre salée

le serpent de tristesse
d'un pays inversé
enchâssé par la froid

feu de frissons de bois
pour ourler les rebords de l'oubli
d'une horloge rouillée

l'oeuf de ta bouche
en écho étonné

un hasard funambule
comme un gardien de nuit

qui tiendrait par un fil

Katchinas

Photo de travail d'atelier classes de secondaire 1 à 5.
À partir de l'idée des poupées katchinas des hopis,pueblos et navajos.
Ces poupées parlent du souffle et de la vie. Des esprits visibles et invisibles.Je complète le tout en intégrant l'idée des totems, des fétiches,des poupées aborigènes, vaudous,inuits, africaines etc... J'ajoute une présentation de mon travail d'artiste.

Créées de façon "minimaliste" par les étudiants, en 60 minutes à partir d'objets et de matières recyclés, trouvés.Sans aucune intervention de l'artiste maître qui ne fait qu'apporter ce qu'il connaît le mieux.Le geste créatif, les espèces en voie d'apparition, le souffle et les encouragements nécessaires.

Je suis inscrit au répertoire Des artistes à l'école du MCCCF.
www.mcccf.gouv.qc.ca/rencontres



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chaque nuit dans le vide
rond
de la lune
des oiseaux immobiles
habitent ta chair
ronde
comme la lune

la cuirasse de la mémoire chavire
devant des seins doux
à fermer les yeux

dans des bras invisibles
le feu liquide
jette un sort à la vie

autour du collier précis de ton cou
des heures
évadées de l'ennui
volent

d'arbre en arbre
vue de loin l'éternité n'a pas de sexe

Le parfaitement inutile

Le parfaitement inutile

Papier journal,tissu,cuir,
papier fait main,bois,
métal,corde,bandelette de plâtre
pigment,laque,vernis, encre

Les miroirs blancs

Les miroirs blancs
Techniques mixtes sur papier & toile
marouflés sur bois
16x19, 2010


un matin de dents de loup
les heures à cran d'arrêt
couleur de miroirs blancs

l'oeil terrestre frôle la roue carrée du jour
l'eau de vie s'évanouit
naissance d'un papillon sur la pointe des pieds

à l'horizon des soupirs entailler le futur

le temps gronde en collier d'écume noire


Étendre la main pour toucher la plus haute branche

ou ta lèvre

Paysages imprévus

cris d'arbres étêtés

tête de gris souris

chevelure de marécages

terre verte
aux ailes d'hiver

par les fenêtres

mémoire de lait sous la mousse







lever de terre rouge

trou de vent de terre brune

suivi
de nids d'algues grises
d'un vol de grands oiseaux invisibles

lettres oubliées

Seconde résurrection prématurée mais éphémère/ Des couteaux déguisés

Les mains pleines d'eaux
je touche le sel
et l'armure secrète des poissons

les jours brisés
sortent des marécages

des heures froides coulent des miroirs
des couteaux déguisés

le fleuve descend du ciel
échappant des bateaux de baisers en lambeaux

les couloirs de la nuit boivent du noir

un autre jour de lune mouillée

Résurrection prématurée mais éphémère/Les lèvres d'eaux

Le poing fermé l'hiver se fane
Montréal soulève un voile sur des oiseaux invisibles

la bouche sur un essaim de baisers
le temps est clair sous les robes
pour allumer la lune
qui marche comme un pain dans le ciel

dans l'oeil bleu du soleil
l'aile du temps se cicatrice
les femmes sont pluvieuses
les cathédrales désertes

les échos s'égarent
les noeuds du printemps hésitent

le silence vole de deux mains en éclat

suspendu aux lèvres d'eau du matin

l'air est nu


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le saignement d'un grand boulevard

la fatigue des hommes de trait
perchés sur les épaules de la nuit

la tristesse des grands paquebots
regardant mourir la mer

emmuré dans mes racines

je parle aux arbres
en tenant par la main
tes rires de sablier
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en empreinte
un regard troué dans le vide
forage long et venu de trop de loins


tous ces oiseaux perdant de l'encre
AnnaJ

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Blogue au repos pour les deux prochaines semaines.
Ateliers d'art et d'écriture en collèges et écoles.

Travail dans le cadre du programme 'Un artiste /(où un écrivain) à l'école.
Vous pouvez m'inviter (via une école) n'importe où au Québec.

Un matin d'obus

Un matin d'obus
Empreinte, collage,techniques mixtes sur toile
48 x 36, 2010

la mort aux yeux de chavirements de ciel et terre
en petits coups des à-coups de vitesse aux manettes
au volant des roues
en petites gorgées de secousses de laveuse
de chemins carossables
en petits élans de kayak en descente et culbute
et cascades et toboggan
la mort la mort acétylène en fanaux de nuit
un matin d'obus lilas

Gaston Miron
L'ombre de l'ombre
in L'Homme rapaillé
Édition NRF page 152

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La mélancolie/II

La mélancolie II
Techniques mixtes
sur vieilles couvertures de livres



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Au fin fond du gris
les images perdent leurs corps

Les oiseaux se perchent sur des branches de rouille

même les coeurs ne voient plus leurs ombres

rien n'est à sa place

Les chants jettent des pierres

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Les corbeaux

Les corbeaux
Encre sur papier
2009





Les corbeaux
Techniques mixtes sur bristol
2009


Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment des morts d'avant-hier,
Tournoyez, n'est-ce pas l'hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
Ô notre funèbre oiseau noir !
Rimbaud/ Les corbeaux
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J'ai cru voir sur mon cœur un essaim de corbeaux
En pleine lande intime avec des vols funèbres,
De grands corbeaux venus de montagnes célèbres
Et qui passaient au clair de lune et de flambeaux.

Lugubrement, comme en cercle sur des tombeaux
Et flairant un régal de carcasses de zèbres,
Ils planaient au frisson glacé de nos ténèbres,
Agitant à leurs becs une chair en lambeaux.

Or, cette proie échue à ces démons des nuits
N'était autre que ma Vie en loque, aux ennuis
Vastes qui tournant sur elle ainsi toujours

Déchirant à larges coups de bec, sans quartier,
Mon âme, une charogne éparse au champ des jours,
Que ces vieux corbeaux dévoreront en entier.

Emile Nelligan/ Les corbeaux

Autoportrait/ Bitume

Autoportrait/Comme un oiseau de bitume
Bitume,laque,vernis, encres acryliques
12 x 6',mixtes sur toile
2005

Comme un oiseau de bitume
englué dans la vie

un soupir de masques noirs
de fenêtres perdues


l'âme muette comme une machine

la mer déchirée de jours au galop

échouage dans un ciel de pleine lune

Évolution

Évolution
Bitume, encre, laque,vernis
Tehniques mixtes sur toile,
(6, 12 x 6', 2005