Petite lignée

Petite lignée des ancêtres
Tissu,bois,objets trouvés
Emmaillottement sans colle ni autre attache
2010

l'avenir est décidé

il est déjà en nous
ni naissance
ni mort

tout vient de ce qui a été

tout retourne à ce qui sera

La ligne douce

Ligne douce
1990

juste sous l'oeil il y a les eaux cachées
celles de l'entrée de la mer

l'écriture des marées commence à l'encre bleue
sous la ligne douce dans la main du coeur

sans oublier l'importance des racines des ruisseaux

et l'ivresse des chiens de mer
le soir quand il nage sur les toits

jusqu'aux grandes caresses souterraines

____


Le geste,crée des formes,hésitantes,incertaines.
Ce que je nomme les espèces en voie d'apparition.
C'est à la fois l'oeil, l'émotif et la pensée qui vont en faire une oeuvre.

Des oiseaux orphelins

Don Quichotte des technologies
1996


En fermant les yeux
on peut voir
des oiseaux orphelins

les bras de la pluie
et les battements du temps
circulaire

sur un fil le ciel est plein d'eau
et les femmes légères


____

Même quand je crée des oeuvres picturales je suis d'abord et avant tout un poète.
Ma poésie se fait alors visuelle.

Tous ces dieux uniques

Tous les dieux
Assemblage et collage sur bois
26 x 7 x 3, 1991

tous les dieux anciens
tous les dieux nouveaux
tous les dieux longs
tous les dieux courts

tous ces dieux fous
entassés sur la Terre
dans le ciel

dieux de guerre
d'injustice
de colère
de pouvoir

tous ces dieux uniques

tous ces humains
sermonnés
castrés
cannibalisés

prisonniers

Territoire de la poésie/suite

Territoire de la poésie / suite
Collage et techniques mixtes sur toile
2010




tu marches sur les mots

les yeux bandés
tu déracines les étoiles

tu danses comme un mensonge

Céleste

Le pays unique
Huile, collage et techniques mixtes sur toile
20 x 24, 2010


une lumière neuve coule
des fenêtres

l'encre enracinée sous les murs
mûrit

onze bernaches
deux merles
deux carouges
on ne sait d'où revenus

l'âme empaillée
entend au loin
craquer des bourgeons dans la nuit

la lune passe comme un voleur
céleste

Céleste

Lèvres jumelles

Paupiette inspirante
Assemblage, 2008
____

pareil au jardin de tes seins

un goût
de lèvres jumelles

qui regorgent

plus belles
qu'une orange
qui danse
dans ta main

une langue couchante
gourmande comme la lune

un cantique
pareil
au jardin de tes seins

Qui voilent ta bouche

Totem sacré par dessus l'univers
Assemblage, février 2010

_____

il reste à tresser
une lente paresse

les cheveux nouveaux
qui voilent ta bouche

l'eau de nuit

d'un cri

ta cuisse solitaire

une peau
de printemps

totem
sacré

par dessus l'univers
déraciné

___


j'aime


l'écope des vents solaires

cette odeur d'orange fusillant l'horizon

Territoire de la poésie

Territoire de la poésie
Collage et techniques mixtes sur toile
20 x 24, 22 mars 2010

les arbres de mer viennent des femmes

dans des barques de nuit
comme des oiseaux de mousse
en robes de brouillard

elles posent des branches bleues
aux mâts des lits de sable

des bracelets de verre
aux ombres des serpents
cachées sous les pendules

les plumes des navires
errent à jamais
comme des baisers
perdus

miroirs en fleur
pareils
à un oubli

de l'autre côté de l'eau

Ce qu'il reste

Assemblage et collage sur toile
Cendre,bois, métal,argile,gesso acrylique
1997


ce qu'il reste
du dit
dans la nuit muette

invisible silence

de larmes
de neige
de rires

et de cendres

La solitude

La solitude
Mixtes sur toile
16 x 16, 1999


Les moules sont d'une texture nouvelle, je vous avertis. Ils ont été coulés demain matin.
Si vous n'avez pas, dès ce jour, le sentiment relatif de votre durée, il est inutile de vous transmettre, il est inutile de regarder devant vous car devant c'est derrière, la nuit c'est le jour. Et...
La solitude...
La solitude...
La solitude...

Léo Ferré

La poésie a changé

Pour saluer les nouveaux poètes


J'ai dit, je n'ai pas dit
quand il fallait le faire, ou ne pas le faire
Saurai-je la vérité et si j'advins en elle

La poésie a changé

Adieu méthaphores dont j'ai fait le tour
Du fond des mots de nouveaux poètes me parlent
les narratifs du monde enchevêtrés
dans ce qui n'avance qu'avec peine, l'homme

Gaston Miron dans Poèmes épars, p. 54

Deux îles douces

Deux îles douces

oeuvre inachevée
(je m'arrête ou je continue ???)
mixtes sur toile 2010


la majorité vit dans le passé

je vise à vivre le présent

et pourtant
je me retrouve toujours à pédaler
pleine vitesse dans la venir

il n'y a pas de poètes (ni d'artistes) heureux

heureusement !

Poème à même le noir

la désespérance noire
de l'arbre en exil

l'incertitude
à jamais
de la lumière

le lait noir des jours

la poésie tu

les vagues oubliées
écoutent aux portes

comme des mots
en robe de bal
près de la mort

Paroles de bouches

Paroles
de bouches
sur un volcan
à lèvres
d'eaux
de langues
de sève
secrète
d'un printemps
renard
indiscret
aux aisselles
de lumière
ange
sous sa robe
invisible
en avance
d'oiseaux
aux abois
en nid
de corps
en coulée
de pleine lune
déshabillée sur mesure

une île en retard

un peu de fleuve

L'inépuisé

Petits mots de vie
papier journal,corde
métal,bois, pigments,vernis
2003

l'écorce de la foudre
et la soif du vent

la fuite de mille silences

des étoiles prisonnières d'une dune de temps

une échelle de vertiges

un arbre liquide
et ta bouche en étang
comme une flèche

la peau du pain porte un message bleu

des mots émiéttés chantent l'inépuisé

Le cri de la lune

Les voiles urbaines
papier journal,tissu, corde
bois, polymère,pigments,vernis
2002


sans souffle l'aurore titube dans les veines

les siècles en ruine s'accumulent

la douce espérance
de dormir dans un nid de fièvre

le cri de la lune
et les yeux invisibles du désir

mille traces de vertige entre les jambes d'un violon

clefs en croix sur le coeur

les étoiles
ailes closes
se taisent

Le lait blanc

sur un radeau échoué
le métronome des jours
baisse la tête

l'hiver ligoté
la main au galop
un nénuphar vierge
fredonne

dans la voie lactée naît la parole des urnes

les paupières cafés des algues lunaires

le lait blanc des éternités

Petit papillon liquide

Ce trait de bleu
Techniques mixtes sur toile
10 x 12',Février 2010



ce trait de bleu qui part de ta robe

d'un bouquet d'étoiles noires
comme un mot en dentelle

ce trait au hasard d'une aiguille
au mouvement de bois
vestige d'une plume de glace

pareil à une statue de vent
qui lève de terre

dans les bras du matin

et la roue verte de l'eau
petit papillon liquide

Les oiseaux d'ombre

Les oiseaux d'ombre
Encre d'impression sur papier
18 x 24, 2010


comme un amour en cage
sur la pointe des pieds

nous creusons des tunnels
dans les lampions des jours

le ciel est couvert d'herbes
en vagues

des chiens fragiles

quêtent des lèvres

des langues

en lacis



ta peau emplie de nuit charme les oiseaux d'ombre


ta peau ronde


ta peau


de lune

Moulage d'oiseau

ciel de terre
dans l'obscur

les cicatrices
entrent par la fenêtre
comme une horloge

traces de pleurs sur le chemin des labyrinthes

la hauteur de la nuit n'est jamais la même

le coeur salé d'un couteau

la caresse des chiens de mercure
posée sur un morceau d'ombre froissé

moulage d'oiseau

Une musique aveugle

Estampe numérique
2009

une musique aveugle
la plainte de pluie d'une bernache blessée
grains d'eau qui brûlent les terres
des années échappées

le cri d'une chouette roule dans la nuit

tous ces rêves morts
et tous ceux qu'ils me restent à vivre

l'espace non parcouru
jusqu'à la grande lune de blé

les doigts du printemps
l'arbre amoureux

les lettres à colorer dans ta bouche

Les eaux libres

Boire le soleil
Encre, acrylique, huile
sur affiches recyclées
2007


le fleuve s'est ouvert
les eaux libres de glace

tout un hiver fondu
déshabillé

partout, le voici, le fleuve qui chante (1)

il est temps de boire le soleil

d'autres oiseaux voleront
sur ta peau

______

(1) Pablo Neruda

Les nids d'eaux

les nids d'eaux
entre les pages
de tes lèvres d'encre

les barques nocturnes au galop sur la glace

le vin
noir de fumée
d'une paupière

l'île de cuir pendue à la lune

le mouvement discret d'une âme
imprécise

Retour à nulle part

Retour à nulle part
Techniques mixtes sur toile
16 x 20', 4 mars 2010

partir de rien, parce qu'on est rien d'autre
alors,où est-ce qu'on va, qu'est-ce qu'on fait
errant en ce peuple, et dans sa langue errante
ce peuple qui n'en finit plus de ne pas naître

Miron dans Poèmes épars p.61

Poudres de terre

j'encaustique
le mal air
figé
sans un cri
par la cire
chaude

j'encaustique
l'hameçon du temps

cette ride lente de l'âme

et pourtant souvent encore je chante
____

lire le temps

écrire le geste

le souffle
le mouvement

traces d'humains
dans l'argile de la peau

_____

L'hiver entier couché
dans des corps blessés

les glaces sur le fleuve se brisent
la grand chute s'éveille lentement

poudres de terre à l'horizon

les arbres tendent la main au ciel
à la recherche du vert

La chanson triste

Le doux désespoir
Techniques mixtes sur toile
2004

La chanson triste

à trop aimer les jours s'entassent
les années passent,passent,passent
à trop amour les coeurs se lassent
les amours cassent,cassent,cassent

sur ma bouche déshabillée
tu marches comme un miroir
de grappes d'eau,en grappes d'eau
nos répétons la même histoire

à trop aimer les jours s'entassent
les années passent,passent,passent
à trop amour les coeurs se lassent
les amours cassent,cassent, cassent

finies les banquises au long cou
finies les algues à quatre mains
le fleuve charrie des naufragés
épaves grises, chevreuils blessés

à trop aimer les jours s'entassent
les années passent, passent,passent
à trop amour les coeurs se lassent
les amours cassent, cassent, cassent

à regarder brûler les nuits
la vie n'est plus qu'un mur griffé
passages d'oiseaux échoués
crieurs d'âme, bouches esseulées

à trop aimer les jours s'entassent
les années passent,passent,passent
à trop amour les coeurs se lassent
les amours cassent,cassent,cassent

Les grappes d'eau

Esseulé
Empreinte encre et encaustique
Papier marouflé sur toile
18 x 18', 2010


les arbres dans la main
courent au galop
esseulés
la nuit entière
en grappes d'eau

au port de solitude
les doigts secrets du fleuve
encore gelé

esseulé
comme un poème nu